01.04.2020

Ralentir

Avant le confinement je me surprenais souvent, lorsque j’étais occupée à quelque chose -même à méditer- à penser au moment d’après. Aujourd’hui il est urgent pour moi de ralentir et le confinement est sans doute une chance pour réaliser cela (au sens de faire et d’avoir conscience).

C’est d’ailleurs la perte total d’odorat et de goût qui m’a rappelé cela. Alors que je commençais à bouillonner d’idées comme une hyperactive et faire des plans sur le pendant et l’après, j’ai été saisie par la nécessité d’opérer mes actions en pleine conscience- le plus souvent possible. Le séminaire MBCT dont j’ai la chance immense de suivre le protocole m’avait déjà initié profondément à cela, mais j’avais des difficultés à trouver un rituel dans ma vie quotidienne, ne serait-ce que pour mobiliser tout mes sens et mon attention sur un objet pendant quelques minutes.

C’est parce que j’étais privée de goût et d’odorat que je me suis rappelée à quel point il était important de savourer lentement et sens après sens sa bouchée, son repas. C’est parce que le temps devient si malléable, à la fois passant trop vite ou trop lentement que je tente de bannir ce « et en même temps » formule devenue célèbre mais pourtant bien ancrée dans mon mode de vie et devenu un réflexe quasi-automatique. Très souvent, sans m’en rendre compte je commence simultanément une demi-douzaine de choses sans en terminer aucune.

Non.

Aujourd’hui j’ai décidé de m’autoriser à faire les choses les unes après les autres, à être pleinement présente et consciente maintenant et m’en réjouir sans penser à l’instant d’après. À appeler mes proches sans faire autre chose, à commencer un article et le terminer, à écouter un podcast sans faire la vaisselle. J’ai du temps mais je ne le voyais plus. Il n’y a pas d’urgence. Si ce n’est que de prendre ce temps pour moi.

Je vais m’interdire de faire des choses dont je n’ai pas envie et les ferai dès que je l’aurais décider. Je vais arrêter de procrastiner vis à vis de toutes les idées qui bouillonnent dans ma tête. Soit je les mettrai tout de suite en acte soit je les coucherai sur le papier pour les garder au moment opportun. Je vais vider mon esprit de ces injonctions parasites.

Je vais tenter d’arrêter d’avoir peur d’avoir trop ou de ne pas avoir assez de temps pour tout faire, d’être dans l’injonction de performance que j’exige de moi-même et je vais savourer avec satisfaction mes réalisations les unes après les autres, sans hiérarchie.

Bref. Je vais ralentir.

Et je vais faire de mon mieux

...
© 2024, Sense & Vulnerability